Douze Lunes
28 mai 2001
NOMS DE LIEUX : Connaissez-vous MONTMOREAU SAINT CYBARD dans la Charente (16) ou L’ESTRECHURE et RIBEAUTE LES TAVERNES dans le Gard (30), ou encore et ROTS dans le Calvados (14) ? Tous ces noms pittoresques ou bizarres de notre beau pays. Je suis amateur de noms de lieux poétiques, pittoresques ou carrément bizarres, vous en connaissez des biens (de localité seulement) ? Faites les moi parvenir, s’ils répondent à ces critères ils seront publiés ici ainsi que sur la page web que je prépare à ce sujet. (e-mail: jruaud@wanadoo.fr )
Une collègue m’a raconté une histoire curieuse aujourd’hui : le professeur de français de l’école catholique que fréquente son fils a demandé à ses élèves de regarder « Loft Story » pour pouvoir en débattre en classe. Bizarre choix de sujet. Moi qui suis un vieux croulant, je me souviens que les débats organisés quand j’étais au lycée portaient sur le coup d’état au Chili, le problème de la drogue, l’avenir du franquisme (le prof d’espagnol était de gauche), la construction européenne et autres sujets de ce temps là!
N’étant pas très sûr de mon droit à pointer des liens vers des sites ou des pages web français sans encombres juridiques, j’ai supprimé les liens hypertextes vers les sites français. En attendant d’en savoir plus.
27 mai 2001
A propos de Loft Story, lisez l'éditorial de Laurent Joffrin dans le Nouvel Obs, c'est ça, c'est exactement ça, j'aime beaucoup Laurent Joffrin.
J’aime les haïku (sans s, c’est un mot japonais), et je les pratique depuis quelques temps. Mon (futur) site web regroupera l’ensemble de mes haïku jusqu’ici composés. Pour ceux qui ne connaissent pas le haïku, disons que c’est un petit, tout petit poème, contemplatif, d’inspiration japonaise, dont l’origine remonte au 8ème siècle, traditionnellement (du moins en occident) en trois vers (un court, un long, un court ou alors, mais ce n’est pas obligatoire, 5 pieds, 7 pieds, 5 pieds). Pour le reste, j’aime beaucoup cette définition du haïku, trouvée dans le recueil de haïku chinois « LE MAITRE EST PARTI CUEILLIR DES HERBES » aux éditions Moundarren : "Les haïku traduisent ces moments rares et fugitifs de grâce où l'on est miraculeusement accordé au monde, au cours des choses. Quand on perçoit, bien plus que le sens, l'harmonie des choses, leur impeccable coïncidence.
Le haïku, poème bref, une poignée de mots, en effleurant la surface des choses donne à sentir l'indicible profondeur de l'expérience humaine, saisie dans l'éternité de l'instant présent. Il traduit le talent du poète de saisir le merveilleux au cœur de l'ordinaire, l'absolu au cœur du relatif, le sacré au cœur du profane. Il met en évidence un détail, un échantillon du monde, qui résume le tout, signifie le tout, donne au tout sa profondeur. Un vers unique décrit l'univers."
Si vous voulez en savoir plus sur les haïku, en lire et apprendre à en composer (c’est moins facile qu’il n’y paraît), deux sites francophones sont à visiter absolument :
- Le site de Serge Tomé, un belge, le « pape » du haïku francophone, des haïku, les coups de cœur de la semaine, des textes théoriques, des liens.
- Le site d’André Duhaime, québécois grand amateur de poésie d’inspiration orientale, une anthologie mondiale du haïku, bilingue.
Un disque absolument somptueux : « OFFICIUM » de Jan Garbarek avec le Hilliard Ensemble. (ECM 1525). Jan Garbarek est un saxophoniste norvégien, son œuvre profondément imprégnée des vastes paysages austères de son pays flirte avec le jazz, la « fusion », la « world music » ; le Hilliard Ensemble une formation de chanteurs classiques spécialisés dans le répertoire médiéval et contemporain. La réunion des deux donne un effet extraordinaire. Voici donc un disque à la fois classique et moderne, inclassable en fait. Les chants du 15ème, 16ème siècle sont mêlés aux sonorités modernes et planantes du saxo de Jan Garbarek. Le tout est austère, mais ample, aérien, grave, planant, serein, lumineux. Même si ce n’est pas ce qu’on pourrait appeler un disque très joyeux, c’est une perle rare.
Le livre de la semaine est « LA HAINE DE LA FAMILLE » de Catherine Cusset (Gallimard blanche). L’auteure fait son autobiographie et la biographie de sa famille, de ses frères, sa sœur, sa grand-mère, son père et surtout sa mère. Le sous titre est « roman » mais on sent bien que sous les pseudonymes tout est vrai. Ce qui est le plus saisissant c’est que la forme du livre est celle d’un puzzle, petit à petit, bribe par bribe on arrive à refaire le portrait de chacun des membres de cette famille, leurs histoires, leurs qualités et leurs défauts. Comme ces images pixélisées qui deviennent nettes peu à peu. Un détail savamment lâché nous incite à continuer la lecture pour en savoir plus. Et les histoires plutôt ordinaires en arrivent à être passionnantes et l’on s’attache au personnages ou on les déteste, mais on se prend au jeu. Une grande réussite.
Un article intéressant (en anglais) sur "l'effet nocebo". Vous connaissez tous l'effet placebo: un médicament qui ne contient aucun principe actif fait de l'effet au malade car celui-ci est persuadé que c'est le médicament qui lui faut. Le même principe peut être appliqué lorsque le patient s'attend à avoir mal ou à être malade. Exemple: si vous êtes persuadé que manger telle chose vous donnera mal au ventre ou même des boutons ou encore une réaction allergique vous avez de grandes chances que le malaise prévu arrive, alors même que l'aliment en question ne vous fait en fait rien! L'effet nocebo est reconnu dans le cas de maladies psychogéniques, peut être même dans le cas de maladies de masse comme le Syndrome de la Guerre du Golfe. En tout cas des expériences prouvent que des allergies, des crises d'asthme, des migraines peuvent être induites par l'exposition à un produit sans aucune nocivité pour le sujet, pourvu que ce même sujet soit persuadé d'être en présence de produit nocif.
Sur Libération un interview passionnant de Pekka Himanen, à propos de la « hacker attitude ». Pekka Himanen est finlandais et philosophe, il habite à Berkeley (Californie), il vient de publier un livre sur la mentalité « hacker » bien loin des idées reçues. D’après lui les « hackers » ne sont pas les pirates informatiques que l’on croît, ou pas seulement, la mentalité « hacker » est bien plus que ça : un mouvement de pensée, un nouvelle approche des choses, un nouveau comportement loin des rigidités d’une société hiérarchisée. La communauté « hacker », celle qui a inventé Linux par exemple, est comparée à une académie, opposée à la rigueur d’un monastère.
26 mai 2001